25 ans et candidat à la mairie

S’il réussit à déposer une candidature complète et à se faire élire, Denis Atangana sera l’un des plus jeunes maires qu’ait connu le Cameroun.

Anne Mireille Nzouankeu
Yaoundé, Cameroun

L’allure un peu frêle de Denis Atangana contraste avec sa force de caractère et sa détermination à devenir le prochain maire de Monatélé, une ville située à environ 70 km de Yaoundé la capitale politique du Cameroun.  Agé de 25 ans et étudiant en 3ème année de Sciences politiques, Denis Atangana sait qu’il aura en face de lui des personnes aguerries au jeu politique et disposant de plus d’argent que lui pour battre campagne. Pourtant cela ne le décourage pas. « Personne n’aurait misé sur David dans le combat entre David et Goliath. La politique n’est pas d’abord une question d’argent.  Lorsque le candidat est crédible, cela crée l’engagement.  Les leaders d’opinion de Monatélé se sentent désabusés.  Ils voteront certainement en faveur d’un jeune. Il feront  un vote sanction pour le parti au pouvoir », dit-il avec un large sourire.

Denis Atangana, candidat pour la Marie de Monatélé, une ville située à environ 70 km de Yaoundé la capitale politique du Cameroun

Denis Atangana, candidat pour la Marie de Monatélé, une ville située à environ 70 km de Yaoundé la capitale politique du Cameroun

Seulement, le chemin vers la mairie semble encore loin. Comme beaucoup d’autres candidats, Denis Atangana éprouve des difficultés à réunir un dossier complet pour lui et les 24 autres personnes qui composent sa liste.

« A beaucoup d’entre nous, il manque le certificat d’imposition délivré par un centre des impôts. Le centre des impôts nous demande d’apporter nos titres fonciers afin de payer la taxe foncière et obtenir le certificat d’imposition. Or, moi par exemple, je suis étudiant, je ne travaille pas et je n’ai pas encore de titre foncier. Je ne suis pas imposable donc on doit plutôt me délivrer un certificat de non imposition. Mais, le centre des impôts dit ne pas pouvoir nous délivrer un certificat de non imposition et que nous devons apporter un titre foncier, même celui de nos parents », explique Denis Atangana.

A cela s’ajoute la caution à verser. Elle est de 50.000FCfa par candidat. « Il y a des jeunes, des paysans dans ma liste. C’est à moi de payer les cautions de tous les membres de ma liste, soit 1.250.000 FCfa », ajoute-il.  Il a cependant l’espoir qu’avec le soutien de son parti politique le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), il pourra réunir toutes les pièces nécessaires et déposer des dossiers complets à temps.

Comme projet de société, Denis Atangana explique : « je veux faire de Monatélé un pôle économique, industriel et une ville carrefour et touristique ». Dès que ma candidature sera retenue, j’expliquerais en détail mon projet de société.  Quant à sa stratégie électorale il dit : « Les jeunes de Monatélé en ont marre du parti en place et veulent le changement. J’ai confiance qu’avec un vote sans trucage, je peux gagner les élections. J’aurais des scrutateurs dans tous les bureaux de vote ».

En attendant le 30 septembre, jour du double scrutin : législatives et municipales, celui qui se fait déjà appeler « le futur maire de Monatélé » lance un appel : « que tous ceux qui croient au changement me soutiennent. J’ai besoin des aides multiformes : vos prières, vos conseils, votre présence physique pour m’aider à battre campagne et même un soutien financier ».

Bien qu’étant âgé de 25 ans seulement, Denis Atangana a déjà fait parler de lui. En juin 2012 par exemple, il a créé un collectif qui se veut un cadre estudiantin de revendication dénommé  « Sauvons l’université de Yaoundé II-Soa ».

” En créant ce collectif, je voulais dénoncer par exemple le manque d’infrastructures, les critères non uniformes d’admission en Master, la mauvaise gestion des fonds alloués au restaurant universitaire, qui se traduit par la mauvaise qualité des repas à l’université de Yaoundé II”, explique Denis Atangana.

Le 29 juin 2012, Denis Atangana organise la première manifestation du collectif. Il se propose de rassembler ses camarades pour une marche pacifique dans le campus universitaire afin de demander le départ de Jean Tabi Manga, le recteur de l’époque auquel il reproche une mauvaise gestion. Un acte qui n’a pas plu au recteur.  ”Jean Tabi Manga, le recteur, a appelé la police, qui m’a interpelé. J’ai été gardé à vue et présenté au procureur de la République”, se souvient Denis Atangana.

Seulement Jean Tabi Manga a été demis de ses fonctions ce même 29 juin, par décret présidentiel. « Avec de la volonté et du courage, on peut changer les choses », conclu Denis Atangana

 

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