Les emballages plastiques non biodégradables interdits au Cameroun dès ce 25 avril

Hélé Pierre, le ministre de l’Environnement et de la protection de la nature invite les commerçants à utiliser du papier ou des feuilles de bananiers pour emballer leur marchandise. Il annonce des sanctions pour les commerçants qui ne se conformeront pas.

Anne Mireille Nzouankeu 
Yaoundé, Cameroun

Dès ce 25 avril, les emballages plastiques non biodégradables sont interdits sur toute l’étendue du territoire national. En fait, c’est depuis le 24 octobre 2012 que le ministre de l’Environnement et de la protection de la nature, Hélé Pierre, a signé un arrêté qui interdit « la fabrication, l’importation, la détention, la commercialisation, la distribution à titre gratuit, des emballages plastiques non biodégradables à basse densité (inférieur ou égale à 60 microns d’épaisseur) : sachets plastiques ainsi que les granulés servant à leur fabrication ». Les opérateurs économiques ont ensuite eu deux ans pour se conformer, soit jusqu’au 24 avril 2014.

Non aux emballages plastiques

En 2013 seulement, on a collecté près de 600 000 tonnes de déchets plastiques au Cameroun

Sur le terrain, les commerçants disent ne pas être prêts à appliquer cette mesure. « Nous voulons bien utiliser les emballages biodégradables mais où est ce que nous allons les trouver ? Nous n’utilisons que ce qui est disponible », explique par exemple Mireille Abéna, vendeuse de fruits et légumes au marché du Mfoundi à Yaoundé.

Au Cameroun presque tout s’emballe avec du plastique, que ce soit au marché, dans les supermarchés, les restaurants, les pharmacies. Beaucoup de produits de grande consommation sont également conditionnés dans du plastique. Il s’agit par exemple de l’eau minérale, du savon en poudre, du dentifrice, des solutés pour les perfusions et même la plupart des médicaments génériques pour ne citer que ces exemples.

Pour justifier sa décision, le ministre Hélé Pierre explique que ces emballages plastiques, parce qu’ils ne se dégradent pas tout seuls, s’entassent dans la nature et la pollue. Ce qui a des conséquences néfastes aussi bien sur l’environnement, l’agriculture que sur la santé des populations. « En 2013 seulement, on a collecté près de 600 000 tonnes de déchets plastiques au Cameroun. C’est trop », s’indigne Hélé Pierre. Comme hypothèse de substitution, il recommande l’usage des sacs en papier, en raphia ou des feuilles de bananiers pour emballer les courses.

Les opérateurs de la filière plastique déplorent la perte de près de 10 000 emplois avec l’interdiction des emballages plastiques. De plus, les mesures de substitution ne sont pas disponibles. Il n’existe pas au Cameroun des usines de fabrication des emballages plastiques biodégradables. A ce jour, une seule usine implantée au Cameroun fabrique des sacs papiers.

Les solutions du ministre n’arrangent pas les usagers. « Les grands supermarchés, tenus généralement par des expatriés importent déjà les emballages en papier fabriqués dans leurs pays. Ca fait tourner l’économie de leurs pays. Nous les locaux, avec nos petites entreprises n’avons pas les mêmes moyens. L’Etat devrait plutôt nous soutenir au lieu de vouloir tuer nos entreprises », se plaint  un propriétaire de supermarché.

« Le Cameroun a 20 millions d’habitants. Si on considère que seulement 10 pour cent de cette population achète une seule chose chaque jour, alors il faut deux millions de feuilles de bananiers par jour.  Pensez-vous que ce soit possible ? Où trouvera-t-on ces feuilles ? Au lieu de protéger l’environnement on va plutôt décimer toute la population de bananiers», conclu Télesphore Tchana, chef des ventes dans un autre supermarché de Yaoundé.

Le ministre de l’environnement annonce des contrôles stricts dans les lieux de commerce et des sanctions pour tous les contrevenants.

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