Douala : 40 000 personnes déguerpies

Depuis mercredi 20 août, ces maisons construites sur le site de la Magzi au quartier Diboum I sont détruites.

Josiane Kouagheu
Douala-Cameroun

Elle transporte un matelas sur la tête. Vêtue d’un pantalon jeans et d’un t-shirt tâchés de boues, Alvine Kameni, 22 ans, ne sait où aller. Le pas alerte, elle court mettre ce matelas qu’elle vient de récupérer de ce qui reste de leur maison à l’abri. Ce jeudi 21 août 2014, des centaines de personnes sont dans la même situation que la jeune étudiante. Leurs maisons, établies sur le site de la Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles (Magzi). Les casses ont commencé depuis mercredi 20 août. Des cris et des pleurs se font

Douala: Maisons construites sur le site de la Magzi au quartier Diboum I sont détruites

Douala: Maisons construites sur le site de la Magzi au quartier Diboum I sont détruites

entendre de toute part. « J’ai perdu mon fils il y a deux semaines et maintenant, je perds ma maison. Mon mari n’a plus d’emploi. Que vont devenir mes quatre enfants ? », s’interroge Irène Nganou, en pleurs.  Près d’elle, c’est le même spectacle.

Des policiers et des gendarmes, armés de matraques et de fusils, encadrent les casses. Cinq engins détruisent tout sur leur passage. Des maisons s’affaissent à vue d’œil. Deux camions anti-émeutes de

Des policiers au milieu des sinistrés - 40 000 personnes déguerpies à Douala, Cameroun

Des policiers au milieu des sinistrés - 40 000 personnes déguerpies à Douala, Cameroun

la gendarmerie et de la police sont garés non loin de là. Plus d’une quarantaine de « gros bras », masses et massettes à la main, aide dans la destruction des maisons. Jeannette Tanou vient de voir sa maison s’affaisser. « Où allons nous aller? Je vivais ici avec mes enfants et mes sœurs. Je ne sais pas quoi faire. Que va devenir ma vie? », se demande-t-elle, les larmes ruisselant sur ses joues.

D’après Eteme Awono, président du Collectif des habitants des blocs 4, 5 et 6 du quartier Diboum I Douala 3ème, environ 40 000 âmes sont visées par les casses. Il assure que certains habitants n’ont pas reçu de sommation. Ce que dément une source à la Magzi. « Il y a un mois, lorsque nous sommes arrivés pour leur distribuer les sommations, certains d’entre eux ont refusé. Nous avons établi notre procès verbal », dit-elle. « Le chef de l’Etat, Paul Biya, avait demandé en 1989 que le déguerpissement ‘souple’ devait être suivi du recasement. Ce qui n’est pas respecté. Ce matin, les policiers et gendarmes nous ont plutôt lancé des gaz lacrymogènes ce matin », dénonce Eteme Awono.

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