Le Cameroun se lance dans la transformation industrielle du manioc

Des usines sont en voie de création dans plusieurs régions du pays.

Anne Mireille Nzouankeu
Yaoundé – Cameroun

Le tapioca, la farine de manioc, les « bâtons de manioc » ou encore l’amidon sont autant de produits dérivés du manioc qui sont jusqu’ici transformés de manière artisanale.  Dorénavant, le Cameroun veut passer à la phase d’industrialisation.  Une mission du ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt)  s’est rendue cette semaine dans la ville de Batouri à l’Est du Cameroun, afin d’identifier des sites de production et de transformation du manioc.  C’était dans le cadre de la mise en place du  Projet intégré de transformation du manioc (Pitm).

Ce projet vise à encadrer  375 producteurs  locaux. Chacun d’eux devrait produire du manioc sur environ deux hectares soit 750 ha en tout.  Le projet vise une production

Jean Marie Tsimi dans son champ. Photo Anne Mireille Nzouankeu

Jean Marie Tsimi dans son champ. Photo Anne Mireille Nzouankeu

annuelle de 45.000 tonnes  avec un taux de transformation industrielle de 25%.  « C’est une bonne idée et j’adhère à ce projet », indique Mérimé Noa, un agriculteur de Batouri. « En plus d’avoir la possibilité de transformer notre récolte, nous aurons surtout la possibilité d’être encadrés par des techniciens compétents au lieu de se transmettre des conseils de bouche-à-oreille comme c’est le cas actuellement », ajoute-t-il.

D’après Christophe Eken, le président de la Chambre de commerce et de l’industrie du Cameroun, le Cameroun produit entre deux et trois millions de tonnes de manioc par an. Ce manioc est à 80% exporté à l’état brut.  La mise en place d’usines de transformation de manioc, qui créeraient par la même occasion des emplois, se présente donc comme une nécessité.  C’est le cas  à Sangmelima,  où 108 emplois directs sont annoncés grâce à la création d’une usine de transformation de manioc en amidon.  Ici, l’usine aura besoin de 120 tonnes de manioc par jour afin de pouvoir satisfaire la clientèle locale et sous régionale.

En 2010 déjà, Bernard Djonga, le coordonnateur de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), composée en majorité de paysans, proposait la création d’usines de transformation de manioc.  D’après lui, ces usines permettraient de relancer l’économie tout en réduisant le coût du pain et des viennoiseries.  A l’époque, ils avaient rendu public des chiffres selon lesquels,  « les importations de blé sont passées de 279.000 tonnes en 2004 à 395.000 tonnes en 2009, soit une augmentation de 41% ».  Pour la fabrication du pain, l’ Acdic proposait d’incorporer 10% de farine de tubercules de manioc produite localement, à la farine de blé importée. Pour y arriver, il fallait produire de la farine de manioc de manière industrielle afin qu’elle soit la même quelle que soit le lieu ou le village de production. Un projet qui pourrait peut être finalement voir le jour.

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