Foyers améliorés : une solution simple mais efficace pour la préservation de l’environnement

Comme contribution à la lutte contre les changements climatiques, beaucoup de ménagères camerounaises ont décidé d’utiliser des foyers culinaires qui nécessitent l’utilisation d’environ 70 pour cent de bois en moins.

 Anne Mireille Nzouankeu
Yaoundé, Cameroun

Une pièce pleine de fumée : c’est le calvaire que vivent beaucoup de ménagères camerounaises.  Elles sont trop pauvres pour avoir accès au gaz et doivent cuisiner sur des foyers dits traditionnels, généralement composés de trois pierres entre lesquelles on met du bois.  Marthe Ngom, un agent de l’Etat retraité de 56 ans, a absorbé cette fumée pendant 40 ans. Elle se souvient qu’à l’époque, faire la cuisine était devenu un calvaire et que la fumée a même endommagé sa santé. « Le foyer traditionnel m’a donné beaucoup de peine. J’ai même eu mal aux yeux. C’est difficile de préparer avec ce foyer », explique-t-elle.

Marthe Ngom utilise désormais un foyer amélioré

Marthe Ngom utilise désormais un foyer amélioré

C’est donc avec plaisir que Marthe Ngom a accepté d’expérimenter un foyer amélioré vulgarisé par certaines ONG locales. Il se présente sous forme cylindrique avec une fente vers le bas pour le bois. L‘intérieur est enduit de terre cuite ayant la particularité de retenir la chaleur. Ce foyer nécessite jusqu’à 70 pour cent de bois en moins que le foyer à trois pierres.  Aujourd’hui, la dame qui vit à Mfou, une petite ville du Cameroun, exprime sa satisfaction : « J’ai constaté une grande différence. Le foyer amélioré consomme moins de bois et produit moins de fumée par rapport au foyer traditionnel. Faire la cuisine n’est plus un stress pour moi».

Moins de bois

Régis Priso, un expert en énergies renouvelables, a testé plusieurs sources d’énergies propres dans le cadre de ses activités au Centre pour l’Environnement et le Développement, une ONG reconnue pour sa compétence dans le domaine environnemental. Rencontré à Yaoundé, il confirme que les foyers améliorés nécessitent l’utilisation de moins de bois que les foyers traditionnels, à cause de leur capacité à conserver la chaleur. « En fait, c’est la chaleur qui cuit les aliments et cette chaleur est produite par le feu. Une fois que le feu est ouvert comme avec les foyers à trois pierres, il y a beaucoup de chaleur perdue, qui ne sert pas à la cuisson des aliments. Or avec un foyer amélioré, on concentre toute la chaleur produite par le feu pour la cuisson. Ce qui fait qu’on utilise moins de bois », dit Priso.

D’après des experts, chaque famille consomme environ six kilogrammes de bois de chauffe par jour, soit deux tonnes par an. Avec une population de 20 millions d’habitants qui ne cesse de croître, et considérant le niveau de développement du Cameroun, il est difficile à court terme que tout le monde ait accès à une autre forme d’énergie que le bois et le charbon pour la cuisine. La consommation de bois va donc augmenter si rien n’est fait.

D’après Régis Priso l’expert en énergies renouvelables, la forte utilisation du bois pour la cuisine est l’une des causes des changements climatiques actuellement observés au Cameroun et les conséquences se répercutent dans tous les domaines de la vie. « Ici au Cameroun, on a par exemple une agriculture essentiellement saisonnière c’est-à-dire qu’on sème pendant la saison des pluies. Mais, ces changements climatiques font en sorte qu’au moment où on attend les pluies, il n’y a plus de pluies. Les saisons sont vraiment bouleversées. Il y a même des endroits où il y a des inondations alors qu’avant il n’y avait jamais d’inondations », constate Priso.

120 000 foyers améliorés distribués

Les foyers améliorés permettent de limiter la déforestation et par ricochet, de lutter contre les changements climatiques. Ces foyers améliorés sont la solution utilisée par les femmes face aux changements climatiques. Une solution que le gouvernement camerounais a trouvé intéressante au point de « subventionner » leur fabrication d’après un rapport de l’Institut national de la Statistique rédigé en 2012.  « Aujourd’hui, plus de 120 000 foyers améliorés ont été distribués à environ 50 000 ménages pour réduire la pression exercée sur le couvert végétal », révèle le rapport.

En 2000 aux Etats-Unis, le Cameroun a signé, en même temps que 192 autres pays membres de l’ONU, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), un ensemble de huit objectifs à atteindre en 2015 pour assurer le développement des Etats signataires. L’objectif numéro sept demande à chaque Etat d’«assurer un environnement durable » en inversant par exemple « la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales ». Grâce à plusieurs actions parmi lesquelles l’encouragement à l’utilisation des foyers améliorés, « cette tendance laisse entrevoir une probabilité d’atteindre cet objectif à l’horizon 2020 à condition de maintenir les efforts actuels du gouvernement » indique le rapport national d’évaluation à mi-parcours de l’atteinte des OMD, réalisé en 2012 par l’Institut national de la Statistique.

.


Subscribe to iCameroon.Com Newsletter