Josiane Kouagheu
Douala Cameroun
« Je trouve le message à 10 mètres du Wouri et je ressors sans être mouillé»
A 73 ans, François Ngokobi est le messager du Ngondo, la fête traditionnelle du peuple Sawa. Depuis 10 ans, ce septuagénaire plonge dans les profondeurs du fleuve pour ramener la lettre des anciens.
Depuis 10 ans, vous êtes le messager du Ngondo, la fête traditionnelle de votre peuple. Comment avez-vous été nommé ?
François Ngokobi, le messager du Ngondo: « Je trouve le message à 10 mètres du Wouri et je ressors sans être mouillé»
C’est la population qui m’a nommé. Et puis, le Ngondo c’est la fête traditionnelle Sawa. Je ne peux pas vous dire comment, mais je sais que le message revient toujours à tout moment au patriarche. Avant moi, il y avait Alekam Bella qui est mort à 80 ans. J’ai été nommé par des anciens après la mort d’Aleke selon la tradition. A l’époque j’avais 60 ans. Je suis un patriarche du Ngondo et pour être messager ça revient à moi-même avec la force du peuple. C’est moi qui entre dans l’eau pour sortir avec le message depuis 10 ans.
Jusqu’où allez-vous pour chercher ce message dans le fleuve Wouri?
Quand j’entre dans l’eau, je sais où aller pour chercher le message. C’est le peuple qui m’a donné cette force. Je vais à plus de 10 mètres de profondeur parfois. Au fond de l’eau, c’est le pays qui me donne le message. Je vais voir nos anciens. C’est la tradition. On ne me donne pas l’enveloppe, mais on me transmet un message. Dans l’eau, je suis assis avec nos ancêtres, c’est eux qui me donnent le message. Cette année 2013, le message disait que les fils et filles Sawa devaient accoucher parce qu’il y a beaucoup de mort dans au Cameroun. En sortant de l’eau, je sors sur l’ordre du pays, donc du peuple. Je ressors toujours de l’eau sans être mouillé depuis 10 ans.
Qui est François Ngokobi ?
Surnommé « papa massa », j’ai deux enfants, une fille et un garçon. J’ai un seul petit fils. Je suis un pêcheur. Depuis longtemps, j’ai toujours été un pêcheur. Je suis né le 7 janvier 1940 sur l’île de Djébalé. Je suis un patriarche du Sawa. J’ai fait mes études à l’école protestant d’Akwa où j’ai obtenu mon Certificat d’études primaire et élémentaire (Cepe).
