L’inondation, la plaie des populations de Douala

Dans la capitale économique du Cameroun, les pluies emportent et détruisent tout sur leur chemin. Les drains et voies de canalisation d’eau sont bouchés.

Josiane Kouagheu
Douala-Cameroun

La veille, il a plu. Ce matin, Carine M., 32 ans, vendeuse dans un supermarché, n’est pas allée au travail. Et pour cause, la pluie a ravagé tous ses effets. Matelas, actes de naissance de ses deux enfants, vêtements, chaussures, fauteuils… Les eaux ont fait des ravages. Carine a préféré « sacrifié » cette journée. « Je serai peut-être limogée, mais je n’ai pas le choix, admet-t-elle. Je ne peux pas aller au travail et laisser ma maison dans cet état ». Au quartier Newtown aéroport, Carine n’est pas la seule victime de la furie des eaux. Au contraire! Assise à même le sol, Hortense Kengne, fait le cri dans un tas de linges. Par moment, Florence lance des jurons contre un être imaginaire.

 Une habitation envahie par les eaux

Une habitation envahie par les eaux

« Regardez vous-même. Regardez ! J’ai tout perdu. La pluie a tout ravagé », lance-t-elle au reporter. Plus loin au quartier Bonapriso, l’un des quartiers les plus huppés de Douala, le constat est le même. « L’eau détruit tout. Mon réfrigérateur est gâté. Je n’ai plus rien. Mon matelas aussi », explique un habitant du lieu-dit Météo. Dans la capitale économique plusieurs quartiers subissent les inondations. Pour les habitants du quartier Makeppé par exemple, les eaux qui détruisent leurs outils, sont dues aux

L'eau envahit la maison

L'eau envahit la maison

drains et voies de canalisation d’eau bouchés.

Exposé aux maladies hydriques

« L’eau qui côtoie les habitations doit être canalisée à travers des passages bien précis. Lorsqu’on construit au dessus de ces passages là, l’eau est obligée de se chercher un autre passage qui n’est pas le chemin où le relief et le bassin versant lui permettent de circuler aisément. Or à Douala, des maisons sont construites sur des drains », explique Blandine Olive Tchamou, environnementaliste. D’après elle, certains drains et voies de canalisation sont pleins de déchets déversés par la population, ce qui bouche ces voies là.  « L’eau étouffe et les rejoint dans leurs maisons. D’où l’inondation », déplore l’environnementaliste.

L’inondation n’est pourtant pas sans conséquences. En effet, selon Blandine Olive Tchamou, elle est cause des maladies hydriques. « Lorsqu’il pleut, le contenu des Wc se retrouve à la portée des hommes et des enfants, ce qui cause ces maladies là. En plus, il y a l’humidité. Et qui dit moisissure dit bactéries ou microbes », explique-t-elle. De plus, les eaux font des ravages. Sur le plan matériel par exemple, elles détériorent des maisons, détruisent les livres et cahiers des élèves. « Certaines personnes ont vu leur vie écourtée parce qu’ils n’ont pas pu joindre l’hôpital à cause des eaux », déplore l’environnementaliste.

On se débrouille comme on peut

Pour lutter contre ces eaux, Blandine Tchamou explique qu’il faut nettoyer les drains et construire les voies de canalisation. Dans les quartiers, certains habitants prennent des initiatives personnelles et collectives. « J’ai refait le lit de mes enfants, plus grand. Quand il pleut, les eaux n’atteignent pas leur matelas. Si la pluie est forte, elle mouille d’abord notre matelas. Du coup, nous nous réveillons et mettons nos enfants à l’abri », explique Elie Rawe, un vigile vivant au quartier Bonapriso. Au quartier Newtown aéroport, les habitants ont ouvert une quête facultative. Chaque personne contribue pour l’aménagement des voies de canalisation, en attendant les efforts du gouvernement.

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