Pour 52,7% de la population rurale, le forage reste la principale source d’approvisionnement en eau de boisson, explique un rapport de l’Institut national de la Statistique.
Anne Mireille Nzouankeu
Yaoundé, Cameroun
Au domicile de la famille Ekani à Yaoundé, l’on se ravitaille en eau dans une rivière située à environ 200 mètres de la maison. « L’eau que nous puisons ici sert juste aux taches ménagères. Lorsqu’il s’agit de l’eau à boire, nous en achetons dans une borne fontaine payante », explique Edith Ekani, l’un des enfants de la famille.
Comme cette famille, près de la moitié des camerounais n’a pas accès à l’eau potable. Ils doivent alors se débrouiller dans des rivières, des puits et dans des bornes fontaines payantes pour ceux qui ont un peu plus d’argent. Les images d’hommes, de femmes et d’enfants alignés devant une borne fontaine et se bousculant pour pouvoir puiser de l’eau sont si fréquentes qu’elles finissent par sembler banales.
Pourtant en 2000 aux Etats-Unis, le Cameroun a signé, en même temps que 192 autres pays membres de l’ONU, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les OMD sont un ensemble de huit objectifs à atteindre en 2015 pour assurer le développement des Etats signataires.
Parmi ces objectifs, il était prévu « qu’au moins 72 pour cent de la population accède à l’eau potable en 2015». Moins d’un an avant la date limite pour l’atteinte des OMD, le Cameroun est loin du compte. « La proportion de la population ayant accès à une eau potable de boisson est de 59,8 pour cent », explique un rapport d’évaluation des progrès accomplis par le Cameroun. Il y a donc « un gap de 12.2 points par rapport à l’objectif », ajoute le rapport d’évaluation réalisé en 2012 par l’Institut national de la Statistique.
Le pourcentage de la population ayant accès à l’eau potable de boisson est plus élevé en milieu urbain (88%) qu’en milieu rural (42%). Pour 52,7% de la population rurale, « le forage reste la principale source d’approvisionnement en eau de boisson ». L’évaluation apporte quand même une note d’espoir en concluant qu’ « au niveau national, la proportion de la population ayant accès à une eau potable de boisson connait une tendance à la hausse depuis 2001 ».
Les raisons de ce déficit d’eau potable sont presque partout les mêmes : le manque d’argent. « Notre bailleur dit qu’il n’a pas d’argent pour prendre un abonnement à l’eau. Nous aussi n’avons pas d’argent pour louer une maison plus chère dans laquelle il y a de l’eau », explique Dieudonné Ekani, le chef de la famille Ekani.
Les frais pour le raccordement à l’eau potable y compris le matériel et la tuyauterie nécessaires sont d’au moins 100 000 FCfa, une somme énorme dans un pays où près de la moitié de la population vit avec moins d’un Dollar par jour.
De leur coté, la CAMWATER, l’entreprise qui réalise des investissements dans le secteur de l’eau et la Camerounaise des eaux (CDE), l’entreprise publique qui produit et distribue l’eau rassure les populations sur leur volonté d’améliorer la situation.
En attendant une solution définitive, la CAMWATER distribue parfois gratuitement de l’eau potable aux populations. Suivant un calendrier préétabli, un camion citerne d’eau passe environ une fois toutes les deux semaines dans certains quartiers de Yaoundé. Les personnes présentes à ce moment là peuvent alors faire des réserves d’eau potable. Une solution que les consommateurs jugent encourageante mais insuffisante.