Douala : l’immeuble de la « mort » fait peur

Dans cette habitation située au quartier Nkololoun, la rampe des escaliers, des pans du mur sont inexistants par endroits.

Josiane Kouagheu
Douala-Cameroun

L’immeuble se dresse en plein cœur du quartier Nkololoun à Douala. Un pan du mur s’est écroulé. L’espace vide laisse entrevoir des rideaux. En s’avançant vers l’habitation, l’on aperçoit une jeune fille, la vingtaine, qui monte les marches de l’escalier. Sa progression est lente. Elle semble contrôler ses pas. « Si elle fait une erreur, elle peut perdre sa vie. L’immeuble est usé. Dans la nuit du 21 au 22 mai, tout un pan du mur s’est écroulé. Il n’y a plus rien en bon état », lâche une vendeuse d’oranges, installée à quelques pas.  Dans une chambre au rez-de-chaussée de cet immeuble R+4, un homme balaie des débris de papiers qui jonchent le sol humide. Il s’agit en fait d’un locataire, apprend-on. Des gouttes d’eau qui passent à travers la dalle tombent sur le sol. Il ne pleut pourtant pas à l’extérieur.

Une vue de l'immeuble qui menace de s'éffondrer

Une vue de l'immeuble qui menace de s'éffondrer

Pour parvenir à l’étage, il faut passer par les escaliers. Leurs rampes sont inexistantes. On y grimpe sans support. Au balcon, les balustrades en fer menacent de s’effondrer. « Il ne faut pas s’y adosser », avertit un membre de la famille. Des fissures sont visibles sur les murs sans peinture. Bernadette Moumeni, est l’une des propriétaires de l’immeuble. « Je dors avec la peur au ventre. Je ne suis pas sûre de voir le jour. Je sais que mes frères, sœurs et moi sommes en danger », reconnaît-t-elle, la mine triste. Elle avoue que l’immeuble menace de s’effondrer depuis trois ans. « Nous voulons détruire mais, la 2ème femme qui a son immeuble près du nôtre refuse. Certains locataires sont partis. Nous ne savons plus quoi faire. Les voisins souffrent à cause de cette situation», regrette-t-elle.

« Dans la nuit, je ne peux pas dormir sans avoir peur. Mon fils a failli mourir l’année dernière parce qu’un pan de mur de l’immeuble s’est brisé. Tout a failli se renverser sur lui. Je ne dors plus dans ma chambre. Les murs de l’immeuble qui s’effondrent chaque fois détruisent nos tôles. Il y a deux mois, ma mère a failli mourir quand le mur de l’immeuble s’est cassé et est tombé sur son lit», raconte Blanche Solange Paho, une voisine dont l’immeuble jouxte leur maison. Après avoir organisé en vain des réunions avec les propriétaires pour la destruction de l’immeuble, Engelbert Ewolo, chef du quartier Nkololoun dernier poteau, a écrit une lettre au sous-préfet de Douala 2ème  pour lui « faire part de cette situation préoccupante ».

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