Cameroun : Pourquoi les banques refusent de prêter aux PME

Josiane Kouagheu
Douala-Cameroun

Pour des experts, le manque de confiance et de garantie sont les principales raisons qui pénalisent ces Petites et moyennes entreprises.

Patrice Baemble, la trentaine sonnée, a toujours eu un rêve : être un chef d’entreprise respecté au Cameroun. Pour le réaliser, le jeune homme a sollicité l’apport des banques du pays pour financer son projet. Peine perdue !  Aucune d’entre elles n’a jugé son projet « assez bon » pour y investir un centime. « J’ai déposé des demandes pour la création de mon entreprise dans des dizaines de grandes et petites banques. Aucune ne m’a répondu.

Une vue des stands lors de la foire PmeXchange

Une vue des stands lors de la foire PmeXchange

Elles estimaient surement que je n’avais pas de garantie », explique-t-il aujourd’hui, un brin de regret dans la voix. Finalement, Patrice a créé son entreprise spécialisée dans le marketing, la communication et le conseil juridique en 2011 avec ses propres moyens.
Deux ans plus tard Patrice Baemble, a toujours besoin d’un crédit bancaire pour financer son projet, comme de nombreux jeunes Camerounais promoteurs des Petites et moyennes entreprises (Pme) d’ailleurs. D’après Mathieu Mandeng, président de l’association professionnelle des établissements de crédits du Cameroun, les banques ne peuvent pas prêter sans contrepartie. En clair, pour accorder du crédit, la banque a besoin de garantie claire, ce que n’arrivent pas à présenter les Pme. En effet, pour espérer entrer dans la ligne de mire d’une banque, la Pme doit avoir au minimum trois années d’existence et présenter des biens mobiliers ou immobiliers qui pourront être mis en garantie.

Des biens comme garantie

« On ne fait pas ce qu’on veut dans une banque. C’est ce qui arrive souvent avec les Pme. On ne peut pas prêter de l’argent sans espérer un remboursement. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de l’argent des épargnants, relève Mathieu Mandeng. Une banque qui ne fait pas de crédits ferme. Celle qui fait des mauvais crédits ferme ». Le président de l’association professionnelle des établissements de crédits du Cameroun pense que  l’Etat peut jouer un rôle dans ce sens. Pour Mathieu Mandeng l’Etat peut perdre de l’argent et le remplacer autrement à travers des impôts, contrairement aux banques.
Pour Joseph Bipoutouth, délégué départemental des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat pour le Wouri, « la crise de financement » affecte les Pme. Pour lui, cette crise est causée par le manque de confiance. « Vous savez, même à notre petit niveau, il est difficile de prêter de l’argent à un ami et d’espérer un remboursement. Vous le prêtez de l’argent aujourd’hui et il disparaît demain. C’est pareil avec les Petites et moyennes entreprises au Cameroun », explique-t-il.

L’exemple du Ghana  

Au cours des conférences sur le financement des Pme tenues à l’occasion de la foire PmeXchange qui s’est déroulée du 30 novembre au 7 décembre 2013 à Douala, de nombreuses solutions ont été proposées. Certains experts ont proposé la pénalisation de la « faillite organisée ». Pour eux, certains chefs d’entreprise organisent leur faillite après s’être enrichis sur le dos de leurs créanciers. Pour Mathieu Mandeng, le Cameroun doit s’inspirer de l’exemple du Ghana qui a créé trois bureaux au crédit de 2007 à 2013. Ces bureaux servent à collecter des informations sur les habitudes de paiement auprès des particuliers et les vendent aux banques. Ce qui évite le « tous pourris » et permet de faire la différence entre les Pme.

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